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LA CLEF DE VOÛTE. En 1180, les Comtes de Toulouse fortifièrent Puycelsi et édifièrent un château, disparu depuis. L'importance stratégique du site n'avait pas échappé à Raymond V : aux confins du Languedoc et de la Guyenne, tout proche des plateaux Cadurciens, Puycelsi fut longtemps chargé de la surveillance de la forêt de la Grésigne.
Fidèle au Comte de Toulouse, Puycelsi résista par deux fois aux Montfort lors de la Croisade des Albigeois : à Simon de Monfort en 1211, puis à son frère Guy en 1213, qui ne purent s'emparer de la citadelle. Le traité de Meaux en 1229, qui marqua avec la fin de la Croisade des Albigeois la réconciliation de Raymond VII avec le jeune Roi de France Louis IX, stipulait que vingt-cinq villes ayant résisté aux vainqueurs devaient être détruites ; bien sûr, Puycelsi était du nombre. Commença alors un long démantèlement du château, du village et de ses fortifications.
Et pourtant, le village résista vaillamment à d'autres envahisseurs : aux Routiers du Vicomte de Montclar, en 1363, au Sieur de Duras, à quatre cent cinquante anglais lors de la guerre de Cent Ans et même au Sieur de Payrol, qui y connut la défaite pendant les guerres de religion. Il faut dire qu'il était difficile de déloger les puycelsiens, dont la fidélité à la couronne de France ne s'était pas démentie au fil des siècles, perchés qu'ils étaient sur leur piton rocheux et à l'abri de leurs remparts. La porte de l'Irissou (la herse) à l'architecture rare dans cette région, un chemin de ronde, plus de 800 m de remparts et des tours de guet attestent du caractère défensif de la place.
Au cours de son histoire, quatre épidémies de peste vinrent frapper le village entre 1586 et 1652 ; pour repousser ce fléau, les habitants édifièrent la chapelle Saint-Roch. Saint-Roch protégea peut être le village, mais c'est plus vraisemblablement son isolement, en évitant les échanges avec l'extérieur, qui empêcha la propagation de la peste : pour accéder au village, il n'y avait que des chemins muletiers. Vers 1850, la Mairie acheta les terrains et les vestiges du château qui appartenaient à Monsieur de Puisségur pour aménager la Place actuelle du Grand Saint-Roch et pour créer la route d'accès que nous connaissons aujourd'hui.
Puycelsi traversa la Révolution sans trop de problèmes et l'administration, gérée par quatre consuls auparavant fut confiée à des hommes chargés de gouverner un canton de 2700 personnes, comprenant les communes de Larroque, Penne et Vaour. Puycelsi comptait alors plus de 700 personnes, qui vivaient de petits métiers, comme tourneur de fuseaux pour la laine (fustayre), tandis que les femmes se consacraient à la broderie, puis partaient vendre leur production aux marchés de Gaillac (25 km) ou de Caussade (30 km), à pied !
Le village continua à prospérer jusqu'au milieu du XIXe siècle qui connut un lent déclin avec l'exode rural : les mines de Carmaux, ouvertes en 1850, avaient sonné la fin de l'activité des charbonniers et des verriers de la Grésigne. Puycelsi se vida alors de ses habitants et s'endormit. Le village s'appauvrit et les maisons abandonnées commencèrent à tomber en ruine, jusqu'au début des années soixante, quand les estivants et autres résidents secondaires commencèrent à remettre en état des demeures chargées d'un long passé.
Il y a toujours de belles maisons à Puycelsi, dont certaines de style renaissance, ce qui montre l'opulence du village à une certaine période. Les dimensions de l'église (nef de 46 m de long, 12 m de haut) et la qualité de ses décorations attestent de l'importance qu'avait eu le village. Aujourd'hui la quasi totalité des maisons est restaurée et Puycelsi est redevenu un village accueillant, qui a su garder son naturel et son authenticité.
On ne peut parler de Puycelsi sans parler de la forêt de la Grésigne. Près de 4000 hectares de bois en font la forêt la plus importante de Midi Pyrénées. Composée de châtaigniers, de chênes-rouvres et de quelques résineux, elle abrite une faune importante de cervidés et de sangliers, mais aussi des insectes protégés, comme le lucane cerf-volant. De Puycelsi à la forêt de la Grésigne, il n'y a qu'un pas ou plutôt un sentier, le Sentier du Patrimoine.